C’est au premier regroupementde relaxation, que j’ai ?entendu parler de la marcheafghane. C’est Aline (j’en profite pour faire une parenthèse?: CoucouAline?!, je t’envoie de gros bisous) qui, la première, a suscité macuriosité. Marche afghane?: deux mots qui ont éclairé son visage et, avecsa voix profonde et généreuse et son grand sourire plein de bonne humeur, ellenous a déclarés à tous?: ?ha ouais…, vous verrez, c’est super?!?
Lire ce bonheur sur sonvisage, quelle belle entrée en la matière?! Aline venait de me donnerenvie de découvrir cette marche. J’ignorais à ce moment-là que j’irais ainsi àla rencontre de ce que je cherchais depuis si longtemps?: respirer, vivre!
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Respirer, trouver le rythme,le souffle, m’ouvrir pour laisser rentrer la vie jusqu’au plus profond demoi.
Il y a eu la première marche,la deuxième, la troisième, la quatrième, la cinquième et encore, et encore…fantastiques, joyeuses ou douloureuses, toutes uniques…
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Depuis plus d’une semaine,chaque jour, je marche. A chaque réveil, j’énumère tout ce que je veux fairedans la journée et je commence à m’activer. Mais vient le moment où je ne tiensplus, je ne respire plus, j’étouffe, j’ai besoin de marcher, de prendre l’air.Je tente de me concentrer sur ma liste de ??choses à faire??. Etpuis, non. L’envie de marcher est plus grande. Alors, je prends ma voiture etje me rends, non loin de chez moi, dans un petit coin de forêt. Et je marchelentement, je tente de fl?ner, je résiste une fois de plus mais au bout dequelques minutes, mes pieds s’opposent à mon mental et ils prennent un rythmeplus rapide, j’essaie encore de résister car j’ai peur de ce que je vaisdécouvrir et ressentir mais c’est plus fort, ma respiration embo?te mes pas, etenfin, en silence je compte, 3-1, 3-1, 3-1 et 4, et 5, et 6 et 7, et parfois 8…Il m’arrive de fermer les yeux pour mieux sentir mon souffle, ma tête se videpetit à petit et laisse place tout simplement à la contemplation de la naturequi m’entoure. Et, comme si j’avais oublié les émotions de la veille, jem’étonne de retrouver à nouveau ce plaisir de respirer, de m’ouvrir, de laisserentrer en moi cet air frais, ce bien-être qui m’envahit. Je sens les odeurs dela forêt monter dans le nez. Je respire, je regarde autour de moi, c’est beau,je suis bien. J’ai chaud, je sens le vent sur mes joues mais jamais, je n’aifroid. Je souris. Je vois la beauté de la vie et je la ressens jusque dans mestripes. Le bonheur?!
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Aujourd’hui, la marche a étédouloureuse. De nouvelles sensations, de nouvelles émotions. J’ai commencé àmarcher en apnée. Une apnée que je ne supporte plus. Alors, comme chaque jour,mes pieds m’ont emportée… dans une longue marche difficile mais si fantastique.Au fur et à mesure que je comptais, les larmes de tristesse coulaient sur mesjoues, j’arrêtais de respirer – un vieux réflexe dont je ne veux plus mais quiest encore là- et puis, j’ai pensé à vous tous, à la Parenthèse, à ce que j’yai vécu, j’ai regardé autour de moi l’horizon, les arbres, l’eau, les canards,le ciel et le soleil, priant je ne sais qui ou quoi de m’envoyer du couragepour continuer mon chemin. Et c’est arrivé. J’ai repris ma respiration avecdouleur mais je ne l’entendais pas. Respirer sans bruit, discrètement, encachant ma tristesse. Non, ce n’est pas ce que je souhaite. Je ne me sens pasbien. La voix, il me manque la voix. Ces ??a, e, i, o, u?? qui nesortent pas ! Je me suis alors remémorée ces mélodieuses vocalises qui m’onttant portée lors des regroupements de relaxation. Et timidement, -à force de medire tout bas que je suis capable d’y arriver-, des ??a??tremblotants se sont mis à sortir de ma bouche et j’ai respiré, respiré,respiré. J’ai marché de plus en plus vite et ma voix est devenue plus claire aufil de mes pas, au fil de mes larmes. Je me suis arrêtée en plein milieu d’unchamp pour continuer à exercer cette voix tant?t aigu?, tant?t grave. Il n’yavait plus de sanglots. C’est devenu un jeu et chaque vibration résonnaitdifféremment en moi. Je m’effor?ais puis je m’amusais à capter mon ressenti. Jesouriais de me voir me "l?cher" ainsi dans un pré. Je me suis même mise à rirelégèrement m’imaginant les souris des champs, les taupes et autres animaux dela forêt se demander qui était cet hurluberlu curieux qui baragouinait des sonsà voix haute, au milieu de la nature, en plein après-midi?! Et puis,petite touche personnelle?: j’ai tapé dans les cailloux, comme dans monenfance, pour sortir ma colère. Une colère que je retourne souvent contre moiet que mon corps me fait ressentir. Mais là, ce sont mes chaussures qui ontpris?!? C’est finalement moins douloureux… :-)!!!!
Et puis, j’ai senti qu’ilétait temps de retourner, de revenir. Mes pas, ma tête, ma respiration étaientplus légers qu’au départ. Je n’ai eu de cesse de compter, de marcher d’unrythme soutenu, de sourire. La vie est belle?! Mes yeux étaient encore unpeu mouillés mais une émotion de joie avait remplacé la tristesse.
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Le sourire aux lèvres, j’aieu envie de rentrer chez moi et de partager avec vous cette belle, très belleaventure. Tout simplement.
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Merci à tous,
Merci Claude de m’avoir faitdécouvrir cette marche afghane magnifique et pleine de surprises?!
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Je vous embrasse,
De tout mon coeur,
Bernadette - Session 9